I simply remember my favorite things and then I don't feel so bad (oranges, udon et chioggia)
Published by Louis in betterave chioggia, dessin, Joël Thiébault, légumes, orange, Paris, restaurant, salade, Sanukiya, udon
La première préoccupation de ce mois de mars fut de ne pas sombrer dans la mélancolie. La mélancolie singulière de ceux qui sont au crépuscule d'une longue vie, et à qui les êtres chers manquent déjà. Une nostalgie terrible parce que chaque rencontre, chaque fois est peut-être la dernière. Je n'ai pas cet âge ; pourtant, j'ai entraperçu ce sentiment un soir un peu triste et solitaire, j'ai entrevu ce que pouvaient être la vieillesse et la solitude qui entoure les derniers instants d'une vie. J'ai cru que cette angoisse soudaine, inédite, ne me lâcherait pas. Puis, elle s'en est allée. Il est vrai que les rires et les jeux avec un petit M. espiègle ont aidé.
L'autre préoccupation, plus terre-à-terre, fut de ne jamais manquer d'oranges maltaises et sanguines pour l'indispensable jus du matin — 3 maltaises pour 1 sanguine, c'est le ratio idéal — et d'en avoir en permanence 2-3 kg d'avance. Je ne sais comment est née cette addiction, cette obsession même, mais acheter des oranges est devenue une activité quasi quotidienne. Je passe mon temps à courir les étals des supermarchés, où les aléas de l'approvisionnement me jouent sans cesse des tours : tantôt les stocks de sanguines sont épuisés, tantôt ce sont les maltaises qui viennent à manquer... Il faut alors interroger l'employé préposé aux fruits — "Quand aurez-vous de nouveau des oranges maltaises/sanguines ? Lundi ? En êtes-vous bien sûr ?" Évidemment, le lundi, il n'y aura pas l'ombre d'une maltaise ni d'une sanguine —, et continuer la quête ailleurs... Je crois que la folie me guette.
Avec cette modération qui me caractérise, je me suis déjà rendue au moins quatre fois — dont trois durant la même semaine — chez Sanukiya, depuis que j'ai découvert ce nouveau restaurant de udon, concurrent du Kunitoraya. J'ai succombé à leurs udon généreusement garnis et à leurs fritures parfaites : les kakiagé (galette de légumes et crevette) et nikuoroshi (bœuf et œuf mi-cuit), notamment, sont fabuleux. J'y ai emmené quatre personnes, dont un poulet qui a adoré manger ses tempura en terrasse. Il y eut aussi trois amies qui partagent le même goût que moi pour les japonaiseries (udon, ramen, donburi, poisson cru, wagashi... enfin, vous voyez, quoi). L'une d'entre elles m'a tendu un petit sac des Éditions de Minuit contenant non pas un livre, mais de petites betteraves chioggia cultivées par Joël Thiébault. Elles furent splendides en salade (merci Camille !).
Carpaccio de betterave chioggia

quelques fines tranches de betterave chioggia (les miennes, coupées au couteau, étaient d'une épaisseur affreusement inégale)
un peu d'échalote finement émincée
du poivre noir fraîchement moulu
Pour la sauce :
2 c.c. de sauce soja (Kikkoman, par ex.)
1 c.s. de Melfor
1 c.s. d'huile de noisette
Il suffit juste de disposer harmonieusement les tranches de betterave dans une assiette avec l'échalote émincée, d'arroser de sauce et de saupoudrer le tout d'un peu de poivre (mais pas de sel, étant donné que la sauce soja est salée).
On peut y ajouter des herbes fraîches, mais je n'en avais pas sous la main.
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En 2001, je m'apprêtais à partir un mois à Reykjavík pour prendre des cours d'islandais et me retrouver dans les paysages de Jóga. Mais le rendez-vous n'eut pas lieu : j'ai préféré Helsinki, le charme finno-ougrien et agglutinant du finnois, l'illatif, l'inessif... et puis aussi Paasilinna, Kaurismäki et Moomin. Expérience que j'ai adorée.
Il m'aura fallu patienter onze ans avant de découvrir l'Islande : ce sera au mois de juin, quand ma mission sera terminée. Vous n'imaginez pas à quel point j'ai hâte — en attendant, pour me familiariser avec les rudiments de l'islandais, j'ai ressorti mon vieux Kauderwelsch, avec la petite cassette audio qui l'accompagne, et il a fallu trouver un walkman qui marche encore, je ne vous raconte pas la galère.
Et ne me dites pas que Reykjavík est entretemps devenue une destination branchée, cela ne me gâchera pas mon plaisir.
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